Son empire vacille, mais Patrick Drahi a mis de l’argent de côté
Pour sauver son empire Télécom, le milliardaire Patrick Drahi a réalisé un ultime montage financier. Mais sa fortune perso reste bien à l’abri, loin d’Altice et de SFR… Voici comment il a fait...
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Le premier milliardaire d’Europe, Bernard Arnault, rapatrie ses holdings luxembourgeoises en France. Il avait déjà fait la même chose avec ses holdings belges. Pour quelle raison ? Mystère. Pour le moment…
La famille Wertheimer, propriétaire de Chanel, sera privée de dividendes cette année, après la baisse de 30 % des profits de son groupe. On se rassure, toutefois : en trois ans (2021-2023), les deux frères ont encaissé 13 Md$ de dividendes!
Selon notre confrère L'Informé, les trois enfants d’Hervé Le Lous, fondateur du groupe Urgo (CA : 900 M€), envisagent de vendre leur marque phare Juvamine pour se recentrer sur des activités à plus forte marges.
Son empire vacille, mais il est toujours milliardaire. Patrick Drahi a su mettre de l’argent de côté
En quelques années, à coup d’achats par endettement massif et de réduction des couts, le dynamique Patrick Drahi a bati un empire. La hausse des taux d’intérêt a cassé sa mécanique… mais ne l’a pas laissé sur la paille.
Patrick Drahi, le magnat des télécoms, fait face à une pression financière comme il n’en a jamais connu. Son groupe Altice, on le sait, croule sous une dette colossale de 24 milliards d'euros, et même de plus de 50 milliards d’euros si on inclut sa filiale cotée Altice USA. Pour éviter le naufrage, Drahi doit aujourd’hui céder 45 % du capital d'Altice France à ses créanciers. En échange, ceux-ci vont effacer 8,6 milliards d'euros de dette. Et la cerise sur le gâteau, c’est qu’il va garder le contrôle de son groupe. Et on va voir, ensemble, pourquoi sa fortune en sera à peine affectée…
Tout perdre sans rien perdre
Au temps de sa splendeur, c’est à dire au moment de la mise en bourse de Altice USA, aux cotés de son ex-bras droit, Armando Pereira, aujourd’hui inculpé de divers délits financiers.
Mais comme ça ne suffit pas, il va aussi vendre le plus gros actif d’Altice, SFR. Un joyau qui était valorisé une trentaine de milliards d'euros, dette comprise. Il va aussi vendre XPFibre, la filiale fibre de SFR. Ça ferait 8 milliards de plus dans la balance et ça éviterait une implosion de son groupe.
L’art d’embobiner
Tout ça montre bien la gravité de la situation et la détermination de ses créanciers, qui en ont marre des manœuvres de Drahi pour les embobiner. Il a, ces derniers mois, essayé de racheter sa dette à moitié prix. Il a aussi essayé de négocier séparément avec chacun d’entre eux. Mais ils ont tous refusé. Et si la fortune de Drahi a dégringolé ces dix dernières années, en passant de 25 milliards d’euros à 6 milliards, on peut quand même se demander pourquoi son patrimoine reste aussi important ? Parce que 6 milliards, ça reste vertigineux, non?
Pauvreté professionnelle, richesse personnelle
L’explication, c’est que si le modèle Drahi (qui consistait à s’endetter massivement pour financer ses acquisitions) ne fonctionne plus, sa méthode pour s’enrichir personnellement, elle, n’a pas pris une ride. Sur le papier, en effet, sa stratégie était simple : racheter des entreprises en s’endettant massivement, puis rembourser les prêts en siphonnant la trésorerie de ses acquisitions. Mais quand on regarde bien, ces sociétés sont intégrées dans un enchevêtrement de holdings, souvent domiciliées dans des juridictions à fiscalité avantageuse.
Un des nombreux biens qu’il a détenu en Suisse. Depuis quelques mois, le financier évite cependant d’y remettre les pieds, la justice suisse lui réclamant en effet 7,5 milliards d’euros pour dissimulation fiscale…
Holdings à tous les étages
Or, à chaque étage, Patrick Drahi détient une part du capital… ce qui lui permet d’empocher régulièrement des dividendes. Et pour couronner le tout, l’introduction en bourse de son groupe lui a permis d’empocher une véritable fortune. Au final, on parle de plusieurs milliards d’euros extraits de ses actifs professionnels et qui sont devenus -presque par magie- de l’argent personnel. Grâce à ça, il a acheté des biens, qui sont aujourd’hui hors de portée des créanciers et qui constituent environ la moitié de sa fortune. Bien joué, non ?
Et on n’oublie pas sa modeste propriété dans les Caraïbes, valorisée plusieurs millions de dollars. Elle, aussi, est à l’abri des créanciers
Des actifs à l’abri
Mais si sa fortune reste aussi élevée, c’est d’abord et toujours parce qu’Altice reste un actif intéressant. Et aussi parce qu’il a mis à l’abri beaucoup d’autres actifs, dans différents pays. Il possède notamment environ 750 millions d’euros en œuvres d’art, près d’un milliard en immobilier en France, en Suisse et en Israël. Il conserve également la majorité de la maison de vente aux enchères Sotheby’s, estimée à près de 3 milliards d’euros. Sa participation peut - être estimée aujourd’hui autour de 1,5 milliard d’euros.…