Qui est Adrien Labi, l’énorme propriétaire parisien qui doit 500 millions au fisc ?
Dans quelques jours sera vendu aux enchères "judiciaires" un de ses (nombreux) immeubles. L'homme s'était fait pincer chez le notaire alors qu'il venait de vendre un immeuble à 1 M€ à Kering!
Dans deux semaines aura lieu l’une des ventes aux enchères immobilières les plus attendues de Paris, celle du 5, rue Boccador, un bel immeuble du 8ème arrondissement…
Le 5 rue Boccador, dans le 8ème arrondissement de Paris, servait aussi de pied-à-terre au Libo-britannique, lors de ses séjours à Paris… jusqu’en mars dernier, où il a été arrêté.
On a même retrouvé l’avis de mise aux enchères, paru le 27 décembre dernier dans le quotidien Les Echos !
L’annonce parue le 27 décembre dans les Echos a confirmé, à tous les professionnels français de l’immobilier, la chute d’Adrien Labi
Qu’est-ce qui rend cette vente aux enchères particulièrement remarquable ? C’est qu’il s’agit d’une vente aux enchères ordonnée par la Justice. Et que le propriétaire de cet immeuble est un homme particulièrement mystérieux. Il s’agit de Adrien Labi. C’est aujourd’hui le premier propriétaire privé d’immeubles entiers dans le triangle d’or parisien, ce périmètre qui couvre les quartiers les plus chers de Paris, entre 8ème et le 16ème arrondissement. Et son patrimoine est estimé à plusieurs milliards d’euros.
Une des rares images, qui date de 2022, du Libo-Britannique
Pourquoi je dis « mystérieux » ?
Parce que l’homme se cachait jusqu’ici derrière une myriade de holdings qui passaient par le Luxembourg, la Grande-Bretagne et le Danemark, au point qu’on l’avait surnommé le « fantôme du Triangle d’or ». A son apogée, son patrimoine prestigieux parisien dépassait, selon le site B2B d'actu et de data CFNewsImmo, les 70 000 mètres carrés pour une quarantaine d’immeubles : quatre, situés rue de Boccador, et estimés plus de 200 millions d’euros, deux rue Pierre Charron, pour environ 180 millions, plusieurs immeubles rue de la Trémoille et rue Clément Marot, évalués 300 millions, un autre sur les Champs-Élysées, valorisé 110 millions, et diverses « bricoles » dans le 7e arrondissement. Et surtout, enfin, les deux immeubles qui ont été vendu en mars dernier. L’un, le 35-37 avenue Montaigne, pour un peu moins d’un milliard d’euros au groupe Kering. L’autre, le 19, rue François 1er, à LVMH pour 150 millions d’euros.
Le 35-37 Avenue Montaigne (ex-ambassade du Canada à Paris) a été vendu près d’un milliard d’euros par Adrien Labi à Kering, en mars dernier. L’ensemble est actuellement en travaux pour accueillir les marques du groupe, Valentino et Yves Saint-Laurent.
Et Paf! les Menottes…
Et c’est justement lors de cette vente, en mars dernier, tout juste en sortant du bureau du notaire, qu’il s’est fait cueillir par les agents. Les policiers lui ont passé les menottes et l’ont gardé en garde à vue 48 heures dans les locaux de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF). Adrien Labi est soupçonné d’une des plus grosses fraudes fiscales jamais enregistrée en France : il devrait au fisc français plus de 500 millions d’euros. Plus précisément, une centaine de millions d’euros pour non-paiement de l’impôt sur la fortune, 200 au titre de l’impôt sur les sociétés, 160 pour avoir oublié de payer les taxes sur les plus-values de ses ventes immobilières. Et le reste en pénalités.
Le 5 rue Boccador offre des appartements de location meublée de courte durée, comme ce duplex…
Saisie record de 461 millions
Il y a quelques semaines, la justice confirmait la saisie record opérée quelques mois plus tôt sur son patrimoine : 461 millions d’euros. Cela représente un tiers de l’ensemble des saisies d’avoirs criminels en France de l’année. Et l’immeuble qui sera mis aux enchères, le 6 février prochain fait partie de ces actifs saisis par la justice. Ce 5, rue Boccador avait été acheté en 2004 par Adrien Labi pour une quinzaine de millions, et lui servait de point de chute lors de ses escapades parisiennes. Le prix de départ des enchères est fixé à 43 millions. Mais il pourrait facilement dépasser les cinquante millions, compte tenu des prix pratiqués dans le secteur. Ensuite, d’autres immeubles, saisis par la justice, pourraient aussi être mis en vente aux enchères. Car un immeuble à quarante ou cinquante millions d’euros, ça reste une goutte d’eau quand on a une ardoise fiscale d’un demi-milliard d’euros.
Je me suis plongé dans les données sur Labi. Fascinant.
J'ai reconstitué son patrimoine et ses mouvements depuis 2 ans. Encore plus fascinant...
Voila les données, en résumé!
Bonne lecture
Ce qu"il a vendu en 2023
35, avenue Montaigne (Kering, 1 Md€)
19, Rue François 1 er (LVMH, 170 M€)
Ce qu'il a vendu en 2024
61 Marceau (600 m², 6 à 8 M€)
Ce qu'il lui reste en 2025
3 (et le 5 en procédure de vente judiciaire),7,9 rue de Boccador (13000 m², Valo +200 M€)
48-50 Rue P Charron, 1-3 rue de Cerisoles (6 300 m², Valo +180 M€).
63 av. Champs-Élysées (6 300 m2 - 47% Valo 110 M€)
5, rue Constantine (2140 m2)
18 bis, rue d’Anjou, qqes centaines de m²
5 avenue de Bousquet, un triplex.
3 rue Trémoille (1 500 m 2 )
26, 28 et 30, rue de la Trémoille avec les 8,10,12-14 rue Clément Marot (12000 m² de logts, valo au total entre 220 et 250 M€)
Soit plus de 40 000 m² pour une valo d'environ 800 M€