Pereira toujours pas débranché de SFR
L'ex-N°2 (et 71ème fortune fr.) du groupe de téléphonie, arrêté en 2023 au Portugal pour détournement de fonds, conserve 20% du groupe de Drahi, qui vient seulement de porter plainte.
Au siège de SFR, c'est toujours la panique autour de l'affaire Pereira... La stratégie, c'est celle du "containment" : empêcher qu'on puisse prouver que le groupe connaissait tout de l'arnaque montée par #Armando_Pereira (71ème fortune française avec 1,6 milliard d'euros de patrimoine estimé). Le Franco-portugais, directeur opérationnel du groupe depuis 2017, était en effet au coeur du groupe de télécommunications contrôlé par #Patrick_Drahi (13ème fortune avec 10,7 milliards d'euros). Ledit Drahi (qui a vendu BFMTV et RMC SPORT à CMA CGM et ses serveurs à Morgan Stanley) ayant déjà beaucoup de soucis à gérer son groupe et les échéances des 24 Md€ de dettes d'Altice France.
La police portugaise avait arrêté Armando Pereira en juillet 2023 et l'avait mis en examen pour « blanchiment, corruption et fraude fiscale ». Le n° 2 d'Altice Group, la structure faitière du groupe, aurait été associé au fournisseur de référence de SFR en Europe et aux États-Unis, qu'il aurait favorisé. Contre des avantages. Compte tenu de la marge accordée à ce fournisseur (20% selon Patrick Drahi lui-même), la fraude atteindrait un milliard d’euros sur plusieurs années.
La justice française a été particulièrement lente à réagir, puisqu'il a fallu attendre... septembre 2023 pour que le Parquet national financier ouvre son enquête. Mais le groupe de Patrick Drahi a été encore plus lent puisqu'il a attendu fin mai 2024 pour porter plainte contre son principal prestataire. Il faut dire que le groupe n'a été touché, pour le moment, par aucune demande d'information, d'audition ni de perquisition.
Ce qui lui a laissé le temps, en interne, de faire le ménage et se débarrasser des cadres impliqués... Selon le site l'Informé, les représentants syndicaux du groupe, à qui la direction avait promis qu'ils seraient tenus au courant de l'avancement de l'enquête interne, se sont fait claquer la porte au nez quand ils ont voulu savoir où en était cette fameuse enquête, censée être achevée en novembre dernier... D'après le journal Le Monde, ils ont saisi la justice pour y avoir accès. Leur cabinet, Sextant Expertise, a pourtant signalé plusieurs failles dans les procédures du groupe.
Devant les questions des analystes financiers, Patrick Drahi avait expliqué, il y a plusieurs mois, que l'ex-N°2 du groupe allait être débranché. Cela concernait notamment sa part (20%) au capital d'Altice, la holding qui contrôle l'ensemble du groupe. Le groupe n'a pour le moment rien annoncé sur ce point, ce qu'il aurait normalement été contraint de faire, compte tenu des demandes des créanciers du groupe. Face à la menace de ne pas pas être remboursés, 150 d'entre eux se sont d'ailleurs regroupés (sur les conseils de Rothschild & Co et du cabinet Gibson Dunn selon l’agence Bloomberg) et font monter la pression.