Lvmh, Kering, Hermès, Chanel, pourquoi le luxe rafle toute la belle pierre parisienne…
Hermès fait exploser les compteurs en achetant une boutique... 300 millions d'euros. Mais les autres griffes ne sont pas en reste, raflant tous les immeubles de luxe sur le marché parisien
La semaine dernière, Hermès a acheté ce qui est devenu sans doute la boutique la plus chère de France : les 1300 m² du 17 de la très chic rue de Sèvres, sur la rive gauche pour… : 300 M€. C’est la première fois dans l’histoire parisienne qu’une boutique atteint ce prix au mètre carré (230 000 €/m², quand même !). Selon une info exclusive du site CFNews Immo, le vendeur est un privé, qui louait déjà les lieux à Hermès depuis 2010.
Photo : la boutique Hermès, au 17, rue de Sèvres
Depuis 2022, les grandes enseignes du luxe comme LVMH, Kering, Chanel et Hermès se livrent dans les beaux quartiers de Paris à une lutte sans merci pour arracher les meilleurs emplacements et y implanter leurs vitrines. D’autres groupes ou marques participent à la surenchère, comme le groupe Richemont, mais aussi Armani, Max Mara et même le très chic maroquinier Goyard.
6,5 milliards d’euros!
En quelques mois, ce sont 6,5 milliards d’euros qui ont été investis (et bien plus encore à l’étranger…). L’enjeu ? Offrir le maximum de boutiques aux acheteurs, qui restent, dans ce domaine, nettement plus friands d’achats en magasin que sur le Net. Et aussi cesser de payer de plus en plus chers les loyers commerciaux de ces sites « premium », dont les montants se sont envolés. Et enfin profiter de conditions de marchés favorables : avec la hausse des taux et la baisse des prix dans l’immobilier de bureaux, les vendeurs sont plus enclins à limiter les surenchères. Et puis la pierre, c’est aussi un bon moyen de recycler les somptueux bénéfices de ces belles maisons du luxe : plus de 15 milliards d’euros pour LVMH, 4,7 pour Chanel, 4,3 pour Hermès, 3 pour Kering et 2,3 pour Richemont. Le marché du luxe reste en plein boom, selon la société de conseil Cegid, et « devrait atteindre au moins 305 milliards d’euros cette année »
“Jardin privé d’Arnault”
Le triangle d’or est devenu, comme le disent les professionnels de l’immobilier, le « jardin privé de Bernard Arnault », qui a investi en quelques mois presque 3 milliards d’euros. Faisons le compte ensemble : 900 millions pour le 150, avenue des Champs Elysées, 900 millions pour le 22, avenue Montaigne, 750 millions pour l’immeuble de la boutique Louis Vuitton du 101 de l’avenue des Champes Elysées, plus quelques menues emplettes : 19, rue François 1er, 25, rue Jean Goujon et le 10, rue Volney… François-Henri Pinault, le PDG de Kering, est lui aussi devenu (par réaction ?) un fan de l’immobilier et a fait monter les enchères. Il a mis sur la table, en cash dit-on, presque 2 milliards d’euros ces derniers mois : 640 M€ pour l‘immeuble du 12 rue de Castiglione, 860 M€ pour l’ex-ambassade du Canada, au 35 avenue Montaigne et 270 M€ pour le 56 de la même avenue.
Photo : LVMH a mis 900 millions d’euros pour le 150, avenue des Champs-Elysées
Chanel à la traine
De son coté, Chanel a investi 250 M€ dans le 42 (toujours de la même avenue). Il a aussi acheté le 3, place de la Madeleine et le 8, rue Victor Noir. Hermès, avec son deal à 300 M€ rue de Sèvres, rattrape son retard. Il n’avait jusqu’ici réalisé qu’un achat, au 11/15 rue d’Anjou. Il ne faut pas oublier, souligne Sophie Da Costa, rédactrice en chef de CFNews Immo, les autres grandes griffes qui ont acheté leurs murs. Comme la Maison Margiela, qui a racheté le 12, place des Etats-Unis pour 118 M€, ou « Armani positionné sur le 21 rue François 1er pour 100 M€ ». Max Mara s’est payé le 408-410, rue St-Honoré pour 135 M€ et la Maison Goyard s’est installée au 22, rue de la Trémoille…