Les Milchior achètent un hôtel particulier… pendant qu’Etam taille dans ses effectifs
Les (riches) actionnaires du groupe Etam multiplient les achats dans la pierre de luxe, alors même qu'ils réduisent la voilure et les effectifs de leur groupe. Un symbole des temps actuels ?
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Selon Challenges, la famille Dumas (fortune est. 163 Md€), à la tête de Hermès, est devenue la première fortune de France, devant les Arnault (116,7 Md€)
Deux femmes font leur entrée dans le classement cette année : Laetitia Garriott de Cayeux (500 M€) qui dirige le fonds d’investissement Global Space Ventures et Gwenola Santina-Morin qui dirige Sipartech (Télécom), estimée 500 M€ aussi.
Les quatre milliardaires les plus riches d'Afrique (Fortune estimée 57 milliards de dollars) possèdent plus que 750 millions de personnes, c’est à dire la moitié de la population du continent africain, a dénoncé jeudi 10 juillet l'ONG Oxfam .
Les Milchior achètent un hôtel particulier… pendant qu’Etam taille dans ses effectifs
Laurent Milchior, co-gérant du groupe familial, créé en 1922 par ses arrières grands-parents, doit faire face à une crise du commerce qui menace les finances du groupe. Cela n’empêche pas la famille de faire un deuxième business dans la pierre.
C’est ce qu’on appelle avoir le sens des priorités. Alors que les salariés du Tech Center d’Etam à Marcq-en-Barœul manifestent contre la fermeture de leur site et la suppression de 55 postes, les principaux actionnaires du groupe – la famille Milchior – viennent de s’offrir un petit bijou de pierre dans le Marais, à Paris.
Nortex, la holding bien garnie des Milchior
Belle pierre, mais mauvis timing. Le holding familial Nordex a multiplié ces dernières années les achats immobiliers de prestige, jusqu’à gérer 250 millions d’euros d’actifs, appartenant à la famille…
L'acheteur, c'est Nortex, la structure patrimoniale des Milchior, qui va ainsi accroitre un portefeuille immobilier déjà bien garni (250 M€ d’actifs). Ce beau patrimoine immobilier s'ajoute à leur fortune industrielle, estimée 240 millions d'euros, qui leur valait jusqu'à l'an dernier de figurer dans le classement des 500 Français les plus riches.
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Quant à la cible, c'est, nous apprend le site CFNEWSIMMO, un splendide hôtel particulier du XVIIe siècle : 2 100 mètres carrés, une cour d’honneur et un jardin d’agrément et trois éléments inscrits à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques (ISMH) depuis 1964 : l’escalier d’honneur, la toiture et les façades. Prix : plus de 30 millions d’euros. Le vendeur, Paul Smith, avait acheté le lieu il y a neuf ans. Et en moins d'une décennie, il a réalisé une plus-value de presque 100%! Classe.
Un hôtel qui tombe mal
Le secteur est à la peine, après la faillite de Camaïeu (2600 emplois supprimés, 550 magasins fermés) et la déroute du groupe Jennyfer et de ses presque 1000 salariés.
Mais aujourd'hui, avec cette transaction, il est difficile de ne pas voir un contraste saisissant entre la gestion du groupe et celle du patrimoine familial. Car au même moment, dans le Nord, les salariés d'Etam pleurent davantage qu’ils ne paradent. Le bureau d’études du groupe, chargé de l’échantillonnage et du patronage, va fermer. “On taille des modèles, pas des effectifs”, scandaient les salariées venues protester devant le siège du groupe à Clichy, il y a quelques semaines. “Ils nous mettent à poil”, disaient les manifestantes. Une punchline involontairement raccord avec la spécialité maison... Et qui contraste singulièrement avec l’image que veut donner le groupe. En septembre dernier, Laurent Michior, son co-gérant, faisait défiler des dizaines de mannequins à l’hôtel dans une Hotel de la Monnaie de Paris retapissé de fausse fourrure rose pour l’occasion, dans le cadre de la Fashion Week, pour présenter son 17ème Etam Live Show, comme un étendard de la santé de son groupe.
Un Etam Live Show 2024 qui parade dans l’hôtel de la Monnaie de Paris (et non, il n’est pas à vendre, celui-là…)
French Touch?
Etam, Undiz, Maison 123, Livy, Ysé… Les marques du groupe, comme leur communication, misent sur la “French liberté”, mais le groupe a recours de plus en plus à des importations... La direction, elle, parle d’une décision “difficile mais nécessaire”. Et justifie ce plan par l’inflation, la baisse des ventes (le groupe ne fait plus qu'environ 900 millions d'euros de ventes), la concurrence du e-commerce, la baisse du pouvoir d’achat, et un métier devenu marginal dans la chaîne de production : seulement 2 % des produits seraient encore réalisés via le bureau d’études du groupe. Trois ans après la mort subite de Camaïeu (2600 emplois supprimés, 550 magasins fermés), après la secousse sur les salariés de Jennyfer, les couturières du Nord savent qu'elles ne font pas le poids face au “durcissement des conditions de marché”
Mais imaginez la scène, alors que les salariés défendent leurs postes à coups de banderoles, la famille se paie une adresse de prestige : la pierre, elle, ne connaît pas la délocalisation ni les durcissements des conditions du marché". Au fond, cette histoire résume bien l’époque : des actionnaires qui serrent la vis pour survivre à la crise mais qui, en même temps, consolident leur patrimoine pour mieux la traverser. D’un côté, des couturières licenciées. De l’autre, un escalier d’honneur classé monument historique. Tout est question d’équilibre.
Je ne suis pas de gauche mais je trouve qu’il y a là un manque d’éthique total.