Le gros bluff de Bernard Arnault sur la menace d'une hausse de 40% des impôts de LVMH
LaMinuteRiches vous prouve que les impôts de LVMH ne vont pas du tout augmenter de 40%. Mais le coup de bluff de Bernie (et ses menaces de délocalisation) servent à torpiller ce projet de loi...
En présentant ses résultats hier, Bernard Arnault, le PDG du conglomérat aux 75 maisons de luxe, s'en est violement pris à la fiscalité française. Il a dénoncé ce qu'il appelle une "taxe sur le made in France". Un proverbe chinois dit “ Quand le sage montre la lune, le fou regarde le doigt”. Il faut donc démonter le discours de l’homme le plus riche de France, avec ses 160 milliards d’euros de patrimoine, et comprendre son objectif.
Bernie, l’homme le plus riche d’Europe, va-t-il dire “Tchao” à la France?
40% de hausse, vraiment?
De quoi parle-t-il en fait ? Il parle de la "surtaxe d'impôt sur les sociétés", prévue, pour les entreprises réalisant plus de trois milliards d'euros de chiffre d'affaires, comme c'est le cas de LVMH qui a réalisé l'an dernier plus de 84 milliards d'euros de CA. Cette surtaxe est prévue dans le budget 2025 actuellement en discussion. Elle devrait rapporter quelque 8 milliards d'euros à l'Etat cette année et toucherait principalement un dizaine de très grands groupes, dont LVMH mais aussi EDF, Vinci, le Crédit Mutuel, Safran...
Cette contribution, a assuré l'actionnaire principal de LVMH, représenterait pour ces entreprises une hausse de 40% de l'impôt. Mais "les calculs sont pas bons, Kévin" pourrait-on dire à Bernard Arnault. C'est faux. C'est du bluff et on vous le prouve. Voyons pourquoi...
Décryptage contre tripotage
D'abord, un constat : LVMH ne paie pas beaucoup d'impôt. Le groupe dit lui-même générer plus de 5 milliards d'euros de recettes fiscales. Mais c'est un élément de langage, qui comprend non seulement son impôt sur les sociétés, mais aussi toutes les autres contributions et taxes de ses implantations. La réalité, c'est qu'il paie seulement 2,3 milliards d'euros d'impôt sur les sociétés. C'est peu pour un groupe qui dégage un résultat opérationnel de 20 milliards et un bénéfice net de 12,5 milliards d'euros.
Un beau graphique, paru récemment dans les Echos
Et puis, une hausse de 40% d'impôt, ça devrait logiquement porter l'impôt payé par LVMH à 3,2 milliards d'euros (2,3+40%). Soit une hausse de 900 millions. Pourtant, selon les propres calculs du groupe LVMH, la hausse ne devrait être que de 750 millions d'euros. Ce qui fait que la hausse n'est plus de 40%, mais seulement de 32%.
La nuance qu’il ne dit pas
Pourquoi cet écart? Parce qu'il ne s'agit pas d'une hausse de l'impôt, mais d'une hausse de 40% du "taux de l'impôt". Nuance... Grosse nuance.
Le texte du gouvernement prévoit en effet, pour les groupe dont le chiffre d’affaires est supérieur à trois milliards d’euros, une "majoration de l’impôt sur les sociétés de 41,2 %" pour 2025. En fait, cela veut dire que leur taux d’imposition sur les bénéfices passerait à 36 % (au lieu de 30%) en 2025, selon les calculs de Bercy.
En fait, Bernard Arnault applique à la France les recettes du Trumpisme (il était aux premières loges à son investiture la semaine dernière). La méthode : taper fort, menacer de sanctions. Dans le cas de LVMH, Arnault menace clairement de délocaliser une partie de ses 100.000 emplois français, pour faire plier le gouvernement.
Lors de son premier mandat, le président Donald Trump avait inauguré un atelier LMVH aux USA. Avec Bernard Arnault.
Arnault fait du Trumpisme
L'occasion est d'autant plus belle que du côté américain, où il réalise 25% de son CA, il a des gages à donner à son “ami” de la Maison blanche. Donald Trump a en effet menacé de surtaxer les produits de luxe importés aux USA (dont les champagnes et les autres alcools de LVMH). Mais le président américain à aussi fait les yeux doux aux groupes étrangers pour qu'ils accentuent leur présence sur le sol américain, notamment en abaissant leur taux d’imposition à 15% (taux fédéral, auquel il faudrait ajouter pour être juste, d’autres impôts selon les états).
"Je reviens tout juste des États-Unis où l'on peut voir le vent d'optimisme qui souffle sur le pays. Et quand on revient en France après avoir passé quelques jours aux Etats-Unis, c'est un peu la douche froide, je dois dire" a-t-il déclaré. Ce qu'il faut évidemment traduire par ce message au gouvernement Bayrou : "torpillez cette disposition fiscale ou je fais un malheur..."
L'homme le plus riche de France a, dit-on, l'oreille du président Macron. On verra s'il a été écouté. Ou seulement... entendu.
Ce que vous écrivez est juste mais incomplet, si les impôts augmentent en France quand les autres les baissent, que faites vous en tant que chef d’entreprise vous délocalisée! 20% d’écart d’impôts avec d’autres pays plus les charges sociales, cela fait cher le Made in France….