Frédéric Mazzella (Blablacar) très déprimé
Une décision de justice pourrait faire baisser de 200 à 300 M€ la valeur de BlaBlaCar, car elle va priver l'entreprise d'une marge d'au moins 60 M€ par an
Le fondateur de la société de covoiturage BlaBlaCar est très "déprimé". Sa startup était jusqu'ici valorisée plus de 2 Md€, comme l'indique le rapport annuel de VNV Global AB, un de ses actionnaires. Mais, à cause d'une décision du Conseil d'état, sa valorisation vient de chuter. Comme la fortune personnelle de son fondateur (et celle des deux cadres qui l'accompagnent), qui tutoyait les 200 M€. Même si, suite à plus de 500 M$ de levées et l'arrive de 28 investisseurs (Bnp Paribas, Société Générale, Arkéa Banque Entreprises & Institutionnels, Citi, SNCF, Index Ventures, Accel, ISAI, Omnes Capital...), ils n'avaient plus que quelques pourcents de leur groupe.
Plainte de Flixbus
La décision pourrait faire baisser de 200 à 300 M€ la valeur de BlaBlaCar, car cela va le priver d'une marge d'au moins 60 M€ par an. Que s'est-il passé ? Suite à une plainte de son concurrent FlixBus Mieten (qui n'en bénéficiait pas), la plateforme de covoiturage s'est vue interdire la possibilité d'accorder des primes certificat d'énergie à ses utilisateurs. 420 000 automobilistes (sur 20 millions d'utilisateurs) en ont bénéficié en 2023.
Pollueur payeur: un montage abracadabrantesque
Ce système de prime avait été mis en place par le ministère de la Transition écologique pour favoriser le covoiturage. Et, dans ce cadre, TotalEnergies (sur le principe du «pollueur payeur») finançait des "certificats d'économie d'énergie" (CEE) qui permettait à la startup de recevoir 130 € lorsqu’un client s’inscrivait pour un premier trajet. Ce conducteur, espérait-on, devait permettre à ses passagers d’économiser de l’essence, ainsi monétisée par TotalEnergies.
Le conducteur, cependant, n'en touchait qu'une petite partie (25€ et 100€ s'il faisait 3 trajets en 3 mois), la société empochant le reste. Problème, rappelait Le Monde, ces CEE longue distance étaient prévus pour des voyageurs effectuant plus de 20 000 km sur... douze ans. "C’est la fin d’un montage financier abracadabrantesque." concluait le magazine Reporterre, le média de l'écologie.
Une marge nette de 66 %
Reste que l'opération, opaque, a rapporté 90 M€ en 2023 à la société (de son propre aveu). Elle en a gardé deux tiers, soit une marge de 66 %! Et cela lui a aussi apporté beaucoup de nouveaux clients. La perte est donc sévère et impactera la valorisation du groupe. Elle fera aussi basculer dans le rouge les comptes, qui venaient pourtant de passer au vert pour la première fois!