Fini la philanthropie pour les milliardaires américains ?
Il y a quelques jours, Bill Gates a annoncé la fin de sa fondation, précipitant la fin d'un "Giving Pledge" (cet engagement des riches US à donner) qui avait déjà été torpillé par Donald Trump.
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Selon notre confrère la Lettre, Hugues Galambrun, le patron de l’entreprise Septeo, important éditeur de logiciels en Europe, est en discussion pour réaliser trois acquisitions. Septeo est valorisée environ 3 milliards d’euros.
Voodoo s’attaque au marché des jeux haut de gamme. La licorne (CA : 623 M€) est encore détenue majoritairement par ses cofondateurs, Laurent Ritter et Alexandre Yazdi. Ils sont nés en 1986 et se sont rencontrés au lycée.
Eléonore Crespo et Romain Niccoli, les cofondateur de Pigment et actionnaires majoritaires, ont signé un accord avec Google Cloud pour accélérer dans les assistants. Leur fortune est estimée à 500 millions d’euros.
Le Giving Pledge est mort. Pourquoi Trump et Gates ont annoncé la fin de la philanthropie à l’américaine…
Bill Gates, fondateur de Microsoft et co-initiateur du Giving Pledge, cet engagement des Riches américains à donner à des fondations une part de leur fortune, a annoncé fin mai que sa fondation cesserait de fonctionner en 2045. Non, ce n’est pas un bug informatique, mais une volonté d’aller plus vite. C’est aussi considéré comme un mauvais signal…
C’était une promesse de géants. En 2010, Bill Gates et Warren Buffett lançaient le Giving Pledge. L’idée était simple et grandiose : convaincre les milliardaires de s’engager à donner, de leur vivant, la moitié de leur fortune à des causes sociales, humanitaires ou environnementales. L’Amérique a toujours aimé ça : du storytelling, de la responsabilité, et surtout, beaucoup d’argent. 💲💲💲💲
Résultat ? 240 super-riches ont signé. Et au total, 600 milliards de dollars ont été, théoriquement, mis sur la table.💰 Une vague de générosité ? Oui, mais aussi un beau coup d’image, qui s'appuyait (il faut le dire...) sur un gros avantage fiscal. Car aux États-Unis, les dons aux fondations sont à 60% déductibles des impôts. Résultat : quand un milliardaire donne, c’est la collectivité qui en paie une partie.
La fin d’un modèle
Melinda French Gates et Warren Buffett, deux locomotives du Giving Pledge. Mais la première a annoncé la fin d’activité de sa fondation. Et l’autre sa retraite il y a moins d’un mois.
Mais depuis quelques mois, ce beau modèle a pris un coup dans le bec. En 2024, il y a eu seulement quatre nouveaux signataires du Giving Pledge. Avant, c'était entre 15 et 20 par an : l'élan, manifestement, s'est cassé. Même Bill Gates, celui qui avait lancé l'idée du Giving Pledge, vient de siffler la fin du bal. Il y a cinq jours, il a annoncé que sa fondation fermera ses portes en... 2045. Ca parait loin. Mais en matière d'action philanthropique, c'est très très court. Désormais, l’argent doit être utilisé rapidement, dans une logique d'urgence. Fini l'idée de construire une œuvre qui dure cent ans. Il faut frapper fort et vite.
D’autant que, dans ce climat d’interrogations, une autre menace plane : Donald Trump. Il avait promis de remettre en cause les déductions fiscales sur les dons, et il y a quelques jours, la Chambre des représentants a adopté le projet de loi "One Big Beautiful Bill Act", soutenu par le président. Le texte prévoit de faire passer les taux d'imposition des grandes fondations privées de 2,8 % à 10 %. C’est un torpillage en règle…
En couverture du Time100 Philanthropy 2025, David Beckham, l’ex-joueur de Manchester, retiré depuis 12 ans, mais multimillionnaire, est un donateur très actif et un ambassadeur permanent de l’UNICEF.
Et les Français dans tout ça?
Et pendant que l’Amérique s’interroge, que font les milliardaires français ? Ils regardent passer les trains. Discrets, trop discrets. Zéro français dans le classement TIME100 Philanthropy 2025. Des Chinois, des Mexicains, des Britanniques, des Allemands, mais aucun Français. Rien. Nada. ✂
Pourtant, les grandes fortunes, en France, ne manquent pas. Alors pourquoi ce silence radio ? On nous explique qu'ici, en France, la philanthropie est plus institutionnelle, moins "starisée". On donne discrètement, via des fondations familiales ou d’entreprise. Et on n’en parle pas. Par pudeur ? Ou peut-être par peur de paraître indécent…
Pourtant, certaines grandes familles font des efforts méritoires. Prenez les Bettencourt-Meyers : via leur Fondation Bettencourt Schueller, ils ont distribué plus de 80 millions d’euros en 2023 à des projets culturels, scientifiques et solidaires. C’est massif.
Nadège Mouyssinat, une des lauréates du prix de l'intelligence de la main de la fondation Bettencourt-Schueller.
Parlons aussi de François Pinault. Le fondateur de ce qu’est devenu Kering a financé à hauteur de 100 millions la reconstruction de Notre-Dame de Paris après l’incendie. Bernard Arnault a mis la même somme. D'autres ont choisi de passer par la Fondation de France, qui distribue plus de 250 millions d’euros par an. Mais ces actions sont peu médiatisées. Pas de grands engagements publics façon Giving Pledge, pas de storytelling autour du “don comme mission de vie”. Et c’est peut-être là que le bât blesse : en France, le don reste un devoir discret, là où aux États-Unis, il devient un acte de foi, voire une déclaration d’identité.
Reste qu’au niveau mondial, ce brusque changement d'atmosphère est une catastrophe, car les besoins sont énormes : éducation, climat, santé, pauvreté. Cela signifie aussi qu’on ne peut plus laisser la philanthropie aux seuls milliardaires de la Silicon Valley. Et si ici en France, on se mettait à réinventer un modèle de générosité plus collectif, plus transparent, et surtout plus visible ? Car aujourd’hui, le don a besoin de leaders. Et la France en a. Il faut qu'ils sortent du bois et fassent entendre leurs voix!