Comment les milliardaires Agnelli ont fait de Ferrari le "Hermès de l'automobile"
Aujourd'hui, on roule avec Ferrari mais aussi avec les Agnelli, cette famille italienne (Fortune : 13 Md€) qui a transformé le constructeur en perle de son empire. Et aussi de quelques autres infos...
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Une cinquantaine d’éditeurs, réunis après les Assises de l’édition indépendante, en février, vont publier un recueil contre “le libéralisme autoritaire”. Cela vise, bien sur, Vincent Bolloré (Fortune, 13,7 Md€), président d’Editis.
Le couple Patrizio Bertelli et Miuccia Prada (fortune : 6,3 Md€) qui possèdent le groupe Prada (et la maison Miu Miu) ont proposé de racheter Versace, pour 1,5 milliards de dollars au groupe coté américain Capri Holdings
Il y a quelques jours, le milliardaire français Philippe Laffont a remporté le tournoi de golf Pro-am de Pebble Beach, en Californie. Cet ingénieur a cofondé, avec son frère Thomas, le fonds spéculatif Coatue, spécialisé dans la Tech.
Les Agnelli, rois de la Bourse et du marketing
Les Agnelli sont souvent surnommés la « famille royale de l'industrie italienne”. Pas seulement parce qu’ils occupent souvent la Une des magazines People. Mais aussi parce que ce clan, dont la fortune est estimée à plus de 13 milliards d'euros, a royalement réussi à gérer sa fortune.
Actionnaire de référence de Stellantis, qui regroupe Peugeot, Citroen, Opel, Fiat et Chrysler, elle a su trouver le bon moment pour absorber le constructeur français PSA au moment où son cours était au plus bas. Elle est aussi actionnaire du néerlandais Philipps, de The Economist, de la Juventus de Turin et, en France, de Biomerieux et de Louboutin… Enfin, et c’est l’objet de cette newsletter, elle est aussi actionnaire de référence de Ferrari. Et si on vous en parle aujourd'hui, c’est pour vous montrer comment elle a su en tirer le meilleur, à la fois sur le plan boursier et sur le plan marketing…
John Elkann, fils de Margherita Agnelli et de l'écrivain américain, Alain Elkann, préside la holding familiale Exor depuis 2008. Et c’est aussi un fan de Ferrari…
Ferrari, la Cash Machine
Sur le plan financier, Ferrari, c'est une tuerie : les Agnelli ont détaché la marque au cheval cabré du groupe Fiat il y a une dizaine d'années pour l'introduire en Bourse. En dix ans, le cours de Ferrari a été multiplié par dix. Et il a fait X3 en cinq ans. Aujourd'hui, Ferrari est la première capitalisation automobile européenne, devant BMW, Renault, Volkswagen et Stellantis. Sa capitalisation boursière dépasse 80 milliards d'euros. C'est l'équivalent de 2 fois celle de Volkswagen, qui fabrique pourtant 9 millions de véhicules, soit.... 650 fois plus que Ferrari.
Ces performances font le bonheur des Agnelli qui en possèdent un peu plus de 24%. La famille italienne vient d'ailleurs d'annoncer qu'elle allait vendre 4%, ce qui devrait lui rapporter 3 milliards d'euros. Pour quoi faire ? Mystère… elle se borne à dire que cela servira à lancer une opération de grande ampleur.
Une marque aux résultats spectaculaires
Mais les Agnelli, ce sont pas seulement des financiers, ce sont aussi des visionnaires du branding et du marketing. Ce sont eux qui ont réveillé Ferrari : les résultats 2024 du constructeur sont spectaculaires. Le chiffre d'affaires atteint 6,6 milliards d'euros, en hausse de 14% et le résultat net 1,53 milliard d’euros, en hausse de 21%...
Mieux, alors que tous les constructeurs mondiaux se battent à coups de promotions et de baisses des prix, chez Ferrari, au contraire, on les augmente. Le chèque moyen pour acheter un bolide rouge est passé de 374 000 euros en 2022 à 442 000 euros à la fin de l'année dernière. Et sur chaque voiture vendue, sa marge nette est de (tenez-vous bien!!!)...111 000 euros. C'est l'équivalent du prix de vente de trois voitures en France. Sauf que là, c'est sa marge !
Une production très contrôlée et… volontairement limitée
Faire de Ferrari le Hermès de l’auto
Pour parvenir à cet exploit, la famille Agnelli a appliqué les même recettes que Louis Vuitton, Hermès et Chanel. D'abord, faire de chaque voiture une œuvre d'art. Ferrari personnalise de plus en plus ses engins, ce qui génère de gros bénéfices. Ensuite, la famille a sacralisé la rareté, un peu comme Hermès impose des listes d'attente pour l'achat de son petit sac Birkin.
L'an dernier, Ferrari n'a vendu que 13 750 voitures, autant que l'année précédente. Et n'a pas l'intention d'augmenter les quantités : ses lignes de production sont limitées volontairement à 15 000 bolides par an. C’est d’ailleurs le fondateur de Ferrari, Enzo Ferrari, qui en parlait le mieux : "il faut toujours vendre une voiture de moins que la demande du marché". Du coup, pour acheter une Ferrari, mieux vaut être déjà client Ferrari : 8 Ferrari sur dix sont livrées à des acheteurs qui ont déjà une Ferrari.
Une voiture de série à plus de 3,5 millions d’euros
La F80 est un superlatif à 4 roues, mais son prix stratosphérique ne rebute pas les amateurs : la liste d’attente est déjà très longue…
Cette année, Ferrari arrête la production de son best-seller, la Daytona, pour la remplacer par la F90 et la 812, puis par la F80, la voiture de série la plus chère jamais produite, puisqu'elle vaudra en moyenne 3,5 millions d'euros. Et n'espérez pas pouvoir en acheter une ! Même si vous avez les fonds pour : les 799 exemplaires produits en 2025 ont tous été pré-vendus à des fans de la marque… C'est ça l'esprit luxe, et le PDG de la marque l'a bien fait comprendre dans une interview récente :
"Nous ne sommes pas un constructeur de voitures. Nous sommes une marque de luxe qui fait AUSSI des voitures!"