Cette multimillionnaire fait de l’or avec du carton
Sophie Guillin, la fille du fondateur du groupe Guillin, inventeur de la barquette alimentaire en plastique, fait passer le groupe familial au carton. Et ça paye !
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Bernard Arnault peut se réjouir : il vient de gagner une manche dans la bataille judiciaire qui l’oppose à Van Cleef & Arpels sur l’utilisation du trèfle à quatre feuilles comme motif de certains bijoux de sa filiale Louis Vuitton.
Hans Peter Wild, propriétaire du Stade Français (qui lutte en ce moment pour son maintien dans le Top 14 de Rugby), afficherait, selon le dernier classement Forbes, une fortune de 3,6 milliards de dollars. Il serait la… 1035e fortune mondiale.
Après plusieurs enlèvement (ou tentatives) de proches d’entrepreneurs des cryptomonnaies, plusieurs d’entre eux (dont Eric Larchevèque de Ledger, Pierre Noizat de Paymium) ont été invités à une réunion par le Ministre de l’Intérieur.
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Le filon en or de Sophie Guillin : la barquette en... carton
Sophie Guillin, la directrice générale, depuis 2013, du fabricant d’emballages Guillin, photographiée en 2022 devant une usine du groupe fondée par son père en 1972, en Franche-Comté.
Dans le monde feutré de l’emballage alimentaire, elle est l'une des rares femmes (avec Danièle Kapel-Marcovci, la PDG de Raja) cheffes d'entreprise. Et, en un peu plus d'une décennie, elle a accompli une véritable révolution dans le groupe familial qui porte son nom. Son père, un ancien maçon qui avait fondé Guillin dans son garage, avait inventé la barquette alimentaire en plastique. Sophie Guillin, elle, fait prendre à son groupe le virage du …carton!
Le carton, c’est de l’or
Une vraie rupture pour un groupe installé à Ornans, dans le Doubs, dans ce qu’on appelle la “Plastic Valley”. L'héritière, qui a grandi au rythme des machines à thermoformer avant de se faire les griffes dans l’audit, est en train de réinventer toute l’activité, autour d’un nouveau nom : Wefold ("nous plions"). Non, elle ne s'est pas mise à l'origami, cet art japonais du pliage du papier. Wefold, cela signifie que Guillin, qui exporte 65% de sa production, veut s'imposer mondialement dans l'emballage en carton plié.
Concrètement, Guillin regroupe ses six filiales expertes du papier-carton pour proposer des alternatives durables aux emballages à usage unique, anticiper les réglementations (le Zéro plastique d'emballage est dans les tuyaux) et conquérir de nouveaux marchés. Le groupe vient d'investir plusieurs dizaines de millions d’euros pour s'imposer dans cette activité, avec entre autres, une nouvelle offre, une plateforme logistique de 35 000 m², et il y a quelques semaines, la prise de contrôle des activités de Cartonnerie Moderne, Défi Imprimerie et Alpes Emballages, qui fabriquent des boîtes pâtissières, à snacking ou pour les traiteurs. Toutes en carton.
L’emballage, c’est peut-être pas sexy comme activité, mais c’est essentiel pour notre économie et omniprésent dans notre vie.
Le virage écologique du groupe ne se limite d’ailleurs pas au carton. Sophie Guillin mène une refonte complète du modèle industriel de ce groupe, dont l'activité a quadruplé depuis son arrivée en 2013. Guillin ne propose désormais que des emballages recyclables, compostables ou réutilisables. Certes, certains sont encore en plastique, car la dirigeante estime cette matière "irremplaçable" pour certains usages. Mais, ajoute-t-elle, "un bon plastique 100 % recyclé vaut mieux qu'un mauvais carton enduit ». C'est pourquoi elle travaille désormais main dans la main avec Paprec pour développer une boucle de recyclage fermée autour du PET, un plastique à haut potentiel de revalorisation. Résultat : une image restaurée dans un secteur critiqué, et un business modèle résolument tourné vers l’économie circulaire.
Tout ça, c'est bien joli mais est-ce que ça paye ? Eh bien oui, et les résultats parlent d'eux-mêmes. En 2024, le chiffre d'affaires a atteint 870 millions d'euros, avec un résultat opérationnel à 78 millions et un résultat net de 60 millions d'euros, presque deux fois plus qu'il y a trois ans.
Un beau parcours boursier sur trois ans, grâce à un chiffre d’affaires et des résultats solides, et à une dette qui tend désormais vers zéro…
Un parcours boursier impeccable…
Tout naturellement, le cours de bourse du groupe a suivi, avec une progression, dividendes réinvestis, de 28% (et de 66% en 5 ans), et une fortune familiale qui connait une trajectoire similaire. Les Guillin, qui contrôlent plus de la moitié du capital du groupe, figurent aujourd’hui parmi les familles industrielles les plus riches de l’est de la France, avec une fortune estimée à plus de 400 millions d'euros.
Sophie Guillin, en moins de dix ans, aura réussi à transformer un mastodonte industriel en symbole de l’innovation verte. Une riche idée... qui l'a enrichie.