Arnault, Bolloré, Lagardère : petits arrangements entre (milliardaires) ennemis
La vente à Bolloré des actions que détenait Arnault dans le groupe Lagardère est un revers pour le patron de LVMH… et une nouvelle étape dans l’effacement d’Arnaud Lagardère...
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Arnault, Bolloré, Lagardère : ces petits arrangements entre (milliardaires) ennemis…
Sur le trio qui s’était embarqué sur le navire Lagardère, en 202, il n’en reste plus qu’un. Bernard Arnault a arrêté de ramer, Arnaud Lagardère est tombé à l’eau. Qui reste-t-il? Vincent Bolloré!
C’est la fin d’un duel au sommet dans les médias français. Après presque 5 ans d’affrontement sur ce dossier Lagardère, Bernard Arnault, le patron de LVMH, jette l’éponge et vend ses 7,97% du capital. Vincent Bolloré, qui a déjà plus de 60% du groupe via Vivendi, complète ainsi son contrôle. Pour le Breton, cette annonce tombe à pic, puisqu’on est à une semaine de la fin de l’OPA de son groupe, Vivendi, sur Lagardère. Arnault cède, mais au passage il réalise aussi une belle affaire, puisqu’il vend ses actions à plus de 24 euros par titre, un prix bien supérieur au cours du marché, qui est à 20 euros. En réalité, son gain est bien supérieur, comme on va vous l’expliquer plus loin…
Un revers stratégique pour LVMH
C’est peut-être une bonne affaire financière pour Bernard Arnault, mais c’est quand même un revers stratégique, parce que cela laisse Vincent Bolloré seul maitre à bord du groupe Lagardère. Or le groupe dispose d’actifs très recherchés par les deux hommes. D’abord, Lagardère a la mainmise dans l’édition, avec notamment le premier éditeur de France, le groupe Hachette. Mais aussi de grosses positions dans la presse. D’abord dans la distribution de journaux, avec les fameux kiosques Relay et les magasins Travel Retail. Et ensuite, directement dans des médias fermement ancrés à droite avec Europe 1 et le JDD. Or, il ne vous a pas échappé que Bernard Arnault, qui possède déjà les Echos et le Parisien, veut peser dans le débat politique et économique… et pas du coté de LFI ! Et c’est d’ailleurs pour cela qu’il a racheté Paris-Match… au groupe Lagardère et renforcé son contrôle sur un autre journal, l’Opinion, en prévision d’une campagne électorale présidentielle qui s’annonce particulièrement disputée…
Admirateur de Trump, le propriétaire du N°1 mondial du luxe LVMH (Dior, Louis Vuitton, Sephora, etc...) et du groupe Les Echos-Le Parisien, se méfie des médias… qu’il ne contrôle pas. Un de ses courriels interdit à ses cadres de parler à des médias ennemis : Mediapart, Le Canard enchaîné, L’Informé, Puck (un site américain), La Lettre, Glitz et Miss Tweed.
Cent millions dans la poche
C’est donc la fin d’un bras de fer entre le nordiste et le breton. Un duel qui remonte à 2020, quand Arnault avait racheté un quart de la holding d’Arnaud Lagardère et 5,5 % du capital du groupe. Il apportait alors son soutien à l’héritier Lagardère, assiégé par Bolloré et des fonds activistes. Mais Bolloré et Vivendi ont patiemment tissé leur toile, racheté des parts, obtenu le feu vert de Bruxelles, et se sont imposés comme les maitres à bord du groupe Lagardère. Arnault a choisi, avant la fin de l’OPA, de passer à la caisse et d’empocher ses plus-values. Selon les calculs de LaMinuteRiches, il aurait dépensé environ 170 millions d’euros pour acquérir les titres Lagardère, qu’il a cédés pour environ 270 millions. Cela représente donc une centaine de millions de plus-values. C’est pas mal, mais ça reste une paille pour l’homme le plus riche d’Europe avec ses 170 milliards d’euros de patrimoine…
Des paillettes, des fêtes… et un patrimoine qui a baissé de 80% en dix ans à force d’incurie et d’erreurs de gestion. Le patron devenu salarié n’est plus un partenaire avec qui doivent compter les décideurs.
Nono, l’anti-héro
Dans cette bataille, il y a deux dindons. Le premier, c’est “Nono”, Arnaud Lagardère, mais il est le seul responsable de ses malheurs ! En une décennie, par une série d’erreurs stratégiques, par un endettement chronique et un gestion hasardeuse, il a dilapidé un héritage exceptionnel, le groupe diersifié et puissant qu’avait bâti par son père Jean-Luc. Mais on ne va pas aller jusqu’à le plaindre : comme vous l’expliquait un précédent épisode de LaMinuteRiches, il a négocié un salaire princier, qui lui assure le train de vie pharaonique auquel il a toujours aspiré…
Et la presse, dans tout ça?
L’autre grand perdant dans l’affaire, c’est la liberté de la presse. 80% de la presse d’opinion est désormis détenue par des milliardaires. Des hommes d’affaires affutés, qui ont a-priori toujours su flairer de loin les entreprises les plus rentables. Or, et c’est peu de le dire !, la presse est un gouffre financier : aucun entreprise de presse n’est aujourd’hui à l’équilibre économique. Il doit donc bien avoir d’autres raisons, dans ces batailles, que le contrôle de tonneaux sans fond !