A 63 ans, Auchan est sur les rotules et la famille Mulliez sans boussole...
Les 900 actionnaires familiaux du clan Mulliez voient leur patrimoine fondre, sur fond de licenciements massifs; résultats en berne; valse des dirigeants; projets avortés et ...fraude fiscale!
L'empire Auchan n'a pas 65 ans, mais il est déjà sur les rotules…
Le groupe nordiste vient d’annoncer 2400 licenciements dans ses hypermarchés Auchan (sur 54 000 salariés). C'est une première pour ce groupe sexagénaire qui compte au total 640.000 salariés et qui a toujours veillé à la paix sociale et à l'emploi. La famille (en photo, Barthélémy Guislain, le nouveau patron du holding de tête du groupe) est prise de panique et tente de redresser la barre.
Barthélémy Guislain, à la tête de l’AFM, la holding de tête du groupe
Une kyrielle de marques
L’empire Mulliez, vous le connaissez surtout pour ses marques. Il y a Auchan, bien sûr, mais aussi des enseignes bien connues des Français comme Leroy Merlin, Décathlon, Boulanger et Norauto. Et derrière ce groupe, il a une très belle histoire... En 1961, Gérard Mulliez (il a 93 ans aujourd’hui et toujours bon pied bon œil) crée son premier magasin "à l'américaine" à Roubaix dans le quartier des « Hauts Champs » : maintenant, vous savez d'où vient le nom Auchan…
Le premier des Supermarchés Auchan
Du “capitalisme familial”
Les créations d'autres enseignes vont suivre : Kiabi, Kiloutou, Flunch, Jules... plus celles qu'on a déjà citées. Et ca va aller très vite, grâce à un système de capitalisme familial unique en son genre : les enfants et les cousins, tous actionnaires, sont encouragées à créer chacun leur propre business, soutenus par d'autres membres de la famille.
Mais aujourd'hui, le système s’est grippé et le groupe va mal. Très mal même. Son chiffre d'affaires (environ 90 milliards d'euros) plafonne depuis quelques années alors que les résultats baissent. Et ça a des conséquences sur le pécule des 900 actionnaires du groupe, tous des descendants du très prolifique couple d'origine, Louis et Marguerite Mulliez. Car en 5 ans, la fortune de ces actionnaires familiaux est passée de 38 à 25 milliards d'euros.
Auchan, le coupable
La crise vient surtout d'Auchan, qui représente un tiers de l'empire.
Les clients délaissent ses 160 hypermarchés, qui perdent beaucoup d'argent. Ses magasins sont trop grands, trop chers, trop poussiéreux. Sa part de marché est tombée à 8% et la marque ne figure même plus, c’est dire!, dans les comparatifs de ses concurrents…
Comparatif Lidl d’Aout 2024 : Auchan n’est plus une menace pour personne…
Mais ce n’est pas tout. Auchan s'était implantée en Russie. Elle doit maintenant vendre cette filiale, en y laissant des plumes, bien sûr... Le groupe doit aussi trouver un nouveau dirigeant capable de redresser la barre. Pas facile : en six ans, le groupe a connu six directeurs. En aout, la famille a viré Yves Claude pour mettre à sa place Guillaume Darrasse, l’ancien numéro 2 des magasins U. C’est une sorte de CDD et les Mulliez ont promis de trouver parmi leurs membres un redresseur d’ici… janvier.
Des diversifications hasardeuses
Quant aux dernières diversifications, elles ont donné des résultats tout aussi décevants. Prenons par exemple sa filiale de développement immobilier Ceetrus. Elle a investi des dizaines de millions d'euros dans le développement d'un parc de loisirs près de Paris et dans le projet de rénovation de la Gare du Nord. Et dans les deux cas, elle a été recalée...
Le projet des Mulliez pour la Gare du Nord
Pire, plusieurs dirigeants du groupe, dignes membres de la famille Mulliez, sont accusés par le Fisc d'avoir organisé une grosse opération de fraude fiscale. Ils auraient monté des structures à l'étranger, qui auraient obtenu du groupe des prêts sans intérêts... ni remboursements !
Tout va mal ? Oui, sauf pour Décathlon, qui continue d'accumuler les succès. Mais la famille va devoir redresser la barre rapidement, si elle ne veut pas voir sa fortune disparaitre... encore plus rapidement !