Arnault, Aulas, Féry : ils sont fous de Foot
Bernard Arnault vient d'acheter 55% du Paris FC, l'autre club de la capitale. Mais depuis dix ans, les fonds et les grandes fortunes s'arrachent les clubs, qui atteignent des prix astronomiques...
A l'occasion de l'entrée de Bernard Arnault dans le club du foot Paris FC, dont il prend 55% (avec une promesse de monter à 85% dans quelques années), penchons-nous sur l'intérêt croissant des investisseurs pour les grands clubs de Foot. Car aujourd'hui, plus d'une équipe de Ligue 1 sur deux a un financier, un fonds ou une très riche personnalité à son capital.
Antoine Arnault, un des enfants de Bernard Arnault (au second plan) est un grand fan de football.
Rappelez-vous 2006… Cette année-là, le foot français découvre la finance avec l'entrée du fonds Colony (désormais appelé DigitalBridge) associé à Morgan Stanley et Butler Capital, dans le Paris Saint-Germain. En 2009, le fonds américain en prenait le contrôle total, avant d'en céder une partie en 2011 puis le reste l'année suivante, au fonds du Qatar (QSI) pour une valeur inférieur à 100 millions d'euros.
Le foot “financiarisé” en une décennie
C'était il y a un peu plus de dix ans. Depuis, le paysage a complètement changé. Aujourd'hui, a calculé le site d’informations financières CFNews, 13 des 18 clubs de Ligue 1 ont changé d'actionnaires et ont accueilli dans leur capital, pour la plupart d'entre eux, un fonds ou un family office. Avec des poches bien pleines et des ambitions démesurées. Pour le PSG, le Qatar a vu grand avec un décuplement du chiffre d'affaires en une douzaine d'années (CA : 800 millions d’euros aujourd'hui) et une valorisation qui s'envole à 4,2 milliards d'euros, alors que les pertes, elles, dépassent les 100 millions.
Il faut donc des financiers prêts à faire le pari d'une sortie en plus-value lors de la revente, mais aussi capables de financer les dépenses démesurées de ces clubs qui doivent payer de plus en plus chers leurs joueurs. C’est cette surenchère qui met à mal les finances des clubs et qui explique que ceux qui sont capables d'afficher des résultats positifs sont l'exception plutôt que la règle. Le RC Lens fait partie des ces exceptions, avec un bilan sain, grâce à la gestion raisonnée de Joseph_Oughourlian, son propriétaire (il est aussi fondateur du fonds Amber Capital).
Des actionnaires historiques dépassés
Mais les actionnaires historiques des clubs (des hommes d'affaires locaux, généralement) ont du mal à suivre comme l'ont montré les transitions dans des clubs comme Lille, Lyon, Strasbourg et Saint-Etienne. A Lyon, Jean-Michel Aulas, l'ex patron de Cegid, a cédé son joujou, l'Olympique Lyonnais, à Eagle Football de John Textor (pour se relancer dans les stades). L'ASSE (Saint-Etienne) pour sa part a vu ses propriétaires locaux, Roland Romeyer et Bernard Caïazzo, vendre leurs parts (20 millions d'euros, dit-on) au canadien Larry Tanenbaum, propriétaire du Kilmer Sports Ventures, un milliardaire ayant fait fortune dans la construction.
Quant à Loïc Féry (actionnaire majoritaire du FC Lorient et fondateur du fonds Chenavari Investment Managers) s'est résolu à laisser entrer un nouveau partenaire, l'an dernier, dans son club : Black Knight Football and Entertainment (BKFE). Même M'Bappé s'y met : le capitaine de l'équipe de France, via son fonds Coalition Capital, est devenu, pour un peu moins de 20 millions d'euros, actionnaire majoritaire à 80 % du Stade Malherbe Caen. Il y a du travail à faire pour le footballeur professionnel : le club végète en L2 depuis 2019.
Dans ce contexte, que signifie l'arrivée de Bernard Arnault, actionnaire du numéro un mondial du luxe LVMH, au Paris FC? Le petit club délaissé de la capitale n’a plus accédé à la première division française depuis 1979. Son ambition est de faire partie, comme le PSG, de l’élite, voire de monter en bonne place en Ligue des champions.
Pierre Ferracci, un septuagénaire corse, dirigeant et actionnaire du groupe de conseil Alpha (politique sociale) était depuis 2012 président du Paris Football Club.
Nouvelles ambitions pour Paris FC
Pour le moment, le Paris FC est leader de Ligue 2. Il appartenait à Pierre Ferracci, président et majoritaire avec 52-53 %, au royaume de Bahreïn (19-20 %), à BRI Sports Holding (un anglo-sri-lankais) pour 10 %, et au fonds américain Sports Bridges Venture pour 20 %. La famille Arnault prendrait 55 % du club dans un premier temps, puis rachèterait les parts de Pierre Ferracci, ce qui porterait les parts des Arnault à 85% à partir de 2027. Et les 15% restants iraient à Red Bull, géant de la boisson énergisante, acteur majeur de nombreux sports et qui a déjà des parts dans sept clubs en Autriche, Allemagne, États-Unis, Brésil et Ghana.
Le géant autrichien s'appuyera sur l’ancien entraîneur de Liverpool, Jürgen Klopp, sont nouveau « directeur du football », pour développer le club, sur le modèle de Manchester United où la famille Glazer a confié à Ineos (25 % du capital) les rênes du sportif.